29 Voir Michael Löwy, « Populisme, nationalisme et indépendance de classe en Amérique latine », dans Le populisme en Amérique latine, Cahiers d’étude et de recherche, no 6, Paris, Institut international de recherche et de formation, 1987, p. 3-6. Le Front de libération national (FLN) en Algérie, le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) ou encore le Front de libération du Mozambique (FRELIMO) illustrent bien cette trajectoire. Ainsi, au Burkina Faso31, T. Sankara conduisait une Renault 5 et faisait de « l’avion-stop », profitant des aéronefs de ses pairs pour aller aux conférences internationales plutôt que d’avoir un avion présidentiel. En Afrique du Sud, cette politique d’exclusion remonte à la création de l’Union sud-africaine en 1910 avec la complicité des Britanniques qui ont colonisé le pays de 1805 à la formation de l’Union sud-africaine en 1910 et à son indépendance en 1931. L’exercice du pouvoir en Afrique postcoloniale. Les ressources, ou les moyens à la disposition du politicien (considéré comme un entrepreneur politique), « comprennent donc l’argent, l’information, la distribution de nourriture, la menace de la force physique, les emplois, l’amitié, le rang social, le droit de légiférer, le vote et toute une variété d’autres phénomènes47 ». Cette croissance est liée au maintien de la fécondité et du recul de la mortalité. 30En l’absence de légitimité, les régimes africains de cette période se caractérisaient aussi par une tendance à l’autoritarisme puisqu’en l’absence de règles acceptées, les dirigeants devaient user souvent de la force ; laquelle devenait une ressource en vue de se maintenir au pouvoir, comme nous le verrons plus bas. Concrètement, cela signifie que le pouvoir exécutif est détenu essentiellement par le président de la République et qu'il partage avec le Premier ministre et le gouvernement qu'il a nommé. À l’accession à l’indépendance, les colonies britanniques étaient dotées d’un régime parlementaire et gouvernées par des premiers ministres élus. 40La recherche de ressources persuasives comme complément aux ressources coercitives se manifeste en second lieu par l’instrumentalisation de l’invisible. 49Est-ce à dire que la dérision était un instrument d’opposition, plus précisément qu’elle était une forme de revendication démocratique avant l’heure ? Mais l’absence de profondeur de ce système face à l’héritage colonial autoritaire, ainsi que la faible socialisation démocratique des élites conduisent rapidement ces pays à sombrer l’un après l’autre dans l’autoritarisme. Chazan et ses collègues remarquent que ce type de régime comprend aussi bien des pays dirigés par des militaires que par des civils. En bref, partout, « les sociétés africaines sont mises en demeure d’inventer les modes d’adaptation aux contraintes d’une crise durable65 ». 45 Jean-Pierre Pabanel, Les coups d’État militaires en Afrique noire, Paris, L’Harmattan, 1984. Le pays décida, à travers le Livre bleu (1948) du gouvernement travailliste d’alors, d’appliquer le même modèle de décolonisation dans les autres colonies. 53 C. Geertz, Bali, interprétation d’une culture, Paris, Gallimard, 1983 ; Étienne de la Boétie, Discours de la servitude volontaire, Paris, Flammarion, 1983 ; M. Edelman, Pièces et règles du jeu politique, Paris, Seuil, 1991. Ces configurations ont eu des impacts sur la nature des régimes qui en sont issus. 1Dans ce chapitre, nous nous intéressons à une période historique bien déterminée, celle qui va des décolonisations aux tentatives de démocratisation des années 1990 et, au cours de cette période, à un enjeu précis : les modes d’exercice du pouvoir. Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search, Gazibo, M. 2010. L'évolution politique de la France ... Mais l'exécutif ainsi renforcé, est partagé entre le président de la République et le Premier ministre. Or, si on en croit les chercheurs en histoire et en anthropologie, dans l’Afrique précoloniale, contrairement à l’idée reçue, les chefs n’étaient pas tous tout-puissants, car leur pouvoir découlait des populations qui étaient traditionnellement associées à la gestion politique de la cité sans nécessairement recourir à l’élection. Le parti unique était vu comme plus favorable à la cohésion sociale dans les sociétés multiethniques africaines que le multipartisme hérité de la colonisation européenne et présenté, lui, comme une source de division19. ), Military Marxist Regimes in Africa, Londres, Frank Cass, 1986, p. 101-121. LES COLONIES EN AFRIQUE. 32Puisque nous avons dit que la légitimité faisait défaut aux régimes africains postcoloniaux, il nous faut expliquer le paradoxe de la durée des autoritarismes au cours de la même période. Cette première phase lance le processus autoritaire et rencontre des résistances politiques, armées et des contestations de la part de la société civile formellement pluraliste léguée par le colonisateur. 54 Achille Mbembe, De la postcolonie, p. 162. Rousseau a déjà montré dans Du contrat social que « le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir ». 23 Francine Godin, Bénin, 1972-1982 : la logique de l’État africain, Paris, L’Harmattan, 1986, p. 45-49. En dehors de la catégorie des régimes pluralistes, les deux typologies mettent la plupart des autres États dans des types différents. 27Chacun des régimes énumérés ci-dessus présente ses spécificités, mais trois grandes tendances de la politique africaine les traversent tous : un profond déficit de légitimité, une tendance à l’autoritarisme et la domination effective ou potentielle des militaires. ), The Precarious Balance, p. 121-148. Le retour au parti unique est présenté comme une façon de renouer avec les formes africaines précoloniales de gouvernement fondées sur le consensus. Pour autant, il est difficile d’établir des césures périodiques claires. C - 13013 Marseille FranceVous pouvez également nous indiquer à l'aide du formulaire suivant les coordonnées de votre institution ou de votre bibliothèque afin que nous les contactions pour leur suggérer l’achat de ce livre. « Depuis 1990, six cents élections présidentielles et législatives se sont tenues dans les 53 pays africains. Kragbé Gnagbé, originaire d’un village guébié, exigera, en vain, du président la création d’un parti politique d’opposition conformément à l’article 7 de la Constitution. Cependant, en dépit de leur grande variété, et à l’exception des régimes pluralistes et du cas particulier de l’apartheid, on peut dégager, d’une part, des structures communes aux régimes de cette époque et, d’autre part, des logiques fonctionnelles transversales. Les stratégies d’opposition, par contre, ne fuient pas l’affrontement avec l’État. Le début des années 1990 a été une période de grandes espérances en ce qui a trait aux enjeux de stabilité dans le monde en général, et en Afrique en particulier1. L’école du politique par le bas (voir chapitre 2)60 et l’école interactionniste61 ont mis en évidence de nombreuses manifestations de la vitalité de la société. Trente ans plus tard, ces régimes n’ont pas atteint les objectifs qui ont servi à justifier leur existence, et ils ont été une des cibles principales des mouvements de protestation populaires sur lesquels nous reviendrons au chapitre 7. Ces caractérisations sont parfaitement adaptées au Congo-Brazzaville, l’autre afro-marxisme26. Anniversaire des indépendances africaines. Cette logique du verre de la démocratie à moitié plein rejoint les prises de position du philanthrope anglo-soudanais Mo Ibrahim, engagé à travers sa fondation basée à Londres dans la publication régulière des bilans sans concession de la gouvernance en Afrique. État autoritaire et résistances populaires, Paris, Publisud, 1988. 48La dérision politique (voir chapitre 2) est une manifestation de la manière dont le commun des Africains « participait » au politique clandestinement, à défaut de pouvoir le faire ouvertement en raison du contexte autoritaire de l’époque. La vie politique en France se déroule sous le régime de la Cinquième République depuis l'adoption de la Constitution française du 4 octobre 1958. Vous pouvez suggérer à votre bibliothèque/établissement d’acquérir un ou plusieurs livres publié(s) sur OpenEdition Books.N'hésitez pas à lui indiquer nos coordonnées :OpenEdition - Service Freemiumaccess@openedition.org22 rue John Maynard Keynes Bat. 14 Daniel Compagnon, « Terrorisme électoral au Zimbabwe », Politique africaine, no 78, juin 2000, p. 180-190. On se souvient de la déclaration de Jacques Chirac en 1990 affirmant que « l’Afrique ne serait pas prête pour la démocratie ». Il est généralement utilisé pour caractériser les régimes d’Amérique latine29. © 2021 Copyright RFI - Tous droits réservés. D’un point de vue économique, F. Godin va dans le même sens en montrant le caractère contradictoire de l’État. Dans la foulée de 1991, on n’assista pas non plus à la victoire idéologique définitive de la démocratie et du libéralisme. NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail, Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI, Démocratie en Afrique: des palabres aux conférences nationales, Bénin: grande messe et pluie d’hommages officiels pour Mathieu Kérékou, Bénin: mort de Mathieu Kérékou, le dictateur marxiste devenu démocrate, Mali: la CMA et la Plateforme signent un accord sur la gestion d'Aguelhok, Diary Sow, «meilleure élève du Sénégal», portée disparue en France, Un haut-reponsable américain pour la première fois en visite au Sahara occidental, Congo-B. Cette dynamique s’est étendue également au continent africain où on voit de nombreux pays mettre en place des « Conférences nationales souveraines réclamant l’instauration de la démocratie. Cela se traduit par l’abstention grandissante, une « fatigue de vote » pour citer Pierre Jacquemot, qui s’élève à 50% en moyenne depuis le début des années 2000. Democracy in Africa : successes, failures and the struggle for political reform, par Nic Cheeseman. L’évolution politique des anciennes colonies allemandes depuis 1920. L'indépendance fut proclamée le 11 août 1960 par François Tombalbaye. OpenEdition est un portail de ressources électroniques en sciences humaines et sociales. L’alternance au Sénégal », Politique africaine, no 78, juin 2000, p. 157-179. La Belgique qui ne parvenait plus à cacher son impatience et son empressement à honorer le couple présidentiel […] avec une chaleur et un empressement auxquels, dit-on ici, l’on n’est pas coutumier à pareille époque. C’est cette unicité au-delà de la diversité des régimes qui permet, au chapitre 7, de comprendre pourquoi, au début des années 1990, ces régimes ont été indistinctement traversés par une vague commune de contestations pour la démocratie. La Gambie a connu une trajectoire similaire à celle du Sénégal. 22 Voir Chris Allen, « “Goodbye to All That”: The Short and Sad Story of Socialism in Benin », dans « Democratic Renewal » in Africa: Two Essays on Benin, Occasional papers, no 40, Centre of African Studies, Edinburgh University, 1992, p. 30-33. Mais la persistance de pouvoirs autoritaires ou semi-autoritaires ainsi que le dernier coup de force au Mali montrent que ces évolutions restent fragiles. Gazibo, Mamoudou. 6Là où l’accession à l’indépendance a suivi le mode de « décolonisation à l’amiable » à l’inverse – et c’est la catégorie dominante –, les pays n’ont été soumis à l’autoritarisme que plus tard, après une courte période d’expérience pluraliste. C’est précisément cette logique de la familiarité et de la domesticité qui a, pour conséquence inattendue, pas forcément la résistance, l’accommodation, le « désengagement », le refus d’être capturé ou l’antagonisme entre les faits et gestes publics et les autres « sous-maquis », mais la « zombification mutuelle » des dominants et de ceux qu’ils sont supposés dominer75. Maurice a connu la première alternance au pouvoir en Afrique à la suite d’élections en 1982 et au Botswana, le système peut être considéré comme une démocratie consolidée, car, bien qu’il n’y ait encore jamais eu d’alternance, les libertés sont respectées et le jeu électoral est transparent12. RFI - Actualités, info, news en direct - Radio France Internationale. 15 Naomi Chazan et al., « Regimes in Independent Africa », p. 142 et 147. Ils distinguent deux sous-types de régimes de parti unique : les régimes administratifs-hégémoniques qui sont souvent le fait de chefs historiques comme Amadou Ahidjo au Cameroun ou de militaires reconvertis ; et les régimes de partis mobilisateurs – proches des régimes populistes ou des afro-marxismes – qui sont le fait de pères fondateurs ayant de grandes tendances socialistes comme Julius Nyerere en Tanzanie, Sékou Touré en Guinée ou Houari Boumedienne en Algérie15. 68 Naomi Chazan et al., « State Institutions and the Organization of the Public Arena », p. 54-68. -F. Médard, l’activation de cette ressource prend des intensités variables selon les trois types de régimes qu’il distingue : les autoritarismes durs, les autoritarismes modérés et les sultanismes. © Presses de l’Université de Montréal, 2010, Conditions d’utilisation : http://www.openedition.org/6540. Contentons-nous ici d’en exposer trois : la force, l’argent et le sens. Ecrit par Dietrich Köster. 7 Naomi Chazan et al., « Regimes in Independent Africa », dans Naomi Chazan et al. Au soixantième anniversaire du premier mouvement d’indépendances de l’Afrique, quel bilan peut-on établir de la démocratisation réelle du continent ? ), Afro-Marxist Regimes: Ideology and Public Policy, Boulder/Londres, Lynne Rienner, 1987, p. 1-21. Les catégories « régimes militaires », « régimes civils » ou « régimes démocratiques » relèvent de ce type d’approche auquel N. Chazan reproche de confondre les méthodes de changement de régime et leurs résultats. 21 Parti de la révolution populaire du Bénin, Statuts, Cotonou, 1975, article 8. 3 Herbert Weiss, « Introduction », dans Catherine Coquery-Vidrovitch, Alain Forest et Herbert Weiss (dir. Au moment des indépendances, la démocratie en Afrique était une idée neuve, même si le personnel politique alors aux manettes, en Afrique francophone comme en Afrique anglophone, était familier des pratiques occidentales de la démocratie élective multipartite. Trente ans après le retour de la démocratie à la faveur des Conférences nationales souveraines, l’Afrique se retrouve à un nouveau palier de son évolution politique. “4. Les afro-marxismes qui émergent à l’époque des théories indépendantistes (voir chapitre 2) dans les années 1970 sont plus des régimes à prétention marxiste que des régimes marxistesléninistes aussi bien sur le plan de l’architecture institutionnelle que sur le plan économique20. Les formes ont varié ensuite, à partir des premiers coups d’État et de l’introduction des partis uniques. Il y a trente ans au Bénin, s'ouvrait la première conférence nationale d'Afrique francophone, en février 1990, première étape de la construction des institutions démocratiques béninoises. À ces régimes, Chazan et ses collègues ajoutent le Zaïre de Mobutu (1964-1997) et le Liberia sous Samuel Doe (1979-1990). « Rares sont les scrutins africains qui respectent les règles formelles de la démocratie électorale, se lamente Pierre Jacquemot dans son essai. 39Quiconque connaît l’anonymat dans lequel les chefs d’État africains sont généralement reçus en Europe sait qu’il n’en est rien. 16Comme indiqué ci-dessus, la plupart des pays colonisés par la France et l’Angleterre ont hérité du modèle institutionnel de l’ancienne métropole. 2004. Ce favoritisme mène à ce que Médard appelle la « distribution particulariste », qui s’oppose à la distribution universaliste qui, elle, caractérise normalement un État moderne. Le 19 janvier 1962, tous les partis politiques, excepté le P.P.T., furent interdits. Or, ils peuvent ne jamais l’être parce que les acteurs sont impuissants, ou ne conçoivent même pas une telle possibilité, comme dans le cas des paysans. Cette intervention a pris des formes différentes à divers moments de l’évolution des régimes entre 1960 et 1990. Les mesures les plus spectaculaires dans ce pays au système féodal séculaire furent l’abolition de la monarchie, la libération des paysans par le biais d’une réforme agraire vigoureuse, les nationalisations et l’étatisation de l’économie, l’alphabétisation à grande échelle28. Durant la période suivant immédiatement l’indépendance, les gouvernants commencent à concentrer le pouvoir entre leurs mains. Les chefs partagent plusieurs points communs : ils s’attribuent des pouvoirs dans tous les domaines, y compris divin ; ils sont brutaux et recourent excessivement à la force ; ils ne sont limités dans leur arbitraire ni par des principes moraux, ni par des institutions, ni par des collègues37. Gonidec rapporte ainsi que le congrès du Rassemblement du peuple togolais de 1976 a proclamé la primauté du parti unique et demandé la suppression de l’indépendance des juges pour « éviter l’apparition d’un contre-pouvoir (le gouvernement des juges) et tenir compte du contexte national, c’est-à-dire le sous-développement, qui commande la mobilisation de toutes les énergies pour le muer en son contraire : le développement18 ». 15Les régimes ci-dessous ont émergé à des périodes particulières de l’histoire postcoloniale africaine en réponse à des conjonctures particulières. Par exemple, selon la conjoncture, il active certaines ressources rentables et déclasse celles devenues désuètes. afrique du sud : quelques repères historiques du processus d’institutionnalisation et de démantèlement de l’apartheid1910 : Création de l’Union sud-africaine.1912 : Création du Parti nationaliste noir qui devient l’ANC en 1923.1913 : Adoption de la loi sur les terres des indigènes qui exproprie les Noirs ; 93 % des territoires de l’Union sont réservés aux Blancs qui constituent 13 % de la population.1948 : Arrivée au pouvoir du Parti national.1949 et 1950 : Loi sur la prohibition des mariages mixtes et loi sur l’ immoralité.1950 : Loi sur le recensement de la population et loi sur les zones tribales.1951 : Adoption de la loi sur les bantoustans et création ultérieure de bantoustans dont quatre dits « indépendants » : Bophutaswana, Ciskei, Transkei et Venda.1955 : Adoption de la Charte des libertés à l’initiative de l’ ANC.1960 : Émeutes de Sharpeville réprimées dans le sang. Certains de ces autocrates créent des partis uniques considérés comme des instruments efficaces de mobilisation. 57 Patrick Chabal et Jean-Pascal Daloz, « L’irrationnel apprivoisé : sorcellerie et religion », dans J. Enfin, il faut être attentif au fait que les régimes sont souvent mixtes, mêlant des logiques civiles et militaires ou puisant dans des registres idéologiques et de légitimation pluriels. Lorsque ces mouvements n’étaient pas les seuls à combattre pour l’indépendance, comme dans le cas angolais, une guerre civile pouvait éclater, les autres mouvements rivaux refusant de reconnaître les nouveaux maîtres du pays, ce qui confortait la tendance autoritaire. Fréquentation certifiée par l'ACPM/OJD. En effet, d’une part, l’introduction du parti unique, la suppression de la séparation des pouvoirs et la mainmise sur l’ensemble de l’appareil étatique étaient présentées comme la meilleure façon de faire le développement. Elle représente dorénavant 14% de la population mondiale, contre 7% en 1960. À la fin des années 1980, d’autres auteurs remarquent qu’un équilibre précaire s’était établi entre l’État et la société en Afrique, car les individus et les groupes développent des relations tantôt d’indifférence, tantôt d’immersion par rapport à l’État64. Selon Médard, « les autoritarismes durs connaissent un fort degré de violence et ils reposent sur une peur permanente et insidieuse plus que sur la terreur49 ». 19 Peter J. Schraeder, African Politics and Society: A Mosaic in Transformation, Boston/New York, Bedford/St. La constitution de comités de défense de la révolution, de tribunaux populaires et l’ascétisme des leaders marquent leur volonté de rompre avec le patrimonialisme. 75 Achille Mbembe, « Notes provisoires sur la postcolonie », Politique africaine, no 60, décembre 1995, p. 78. Le colonialisme était motivé par des intérêts commerciaux et géopolitiques, et fut imposé par la force. Ces objectifs furent inscrits dans les Constitutions des nouveaux États indépendants, tout comme l’a été le choix de la démocratie qui paraissait aux yeux des pères fondateurs comme le régime le plus approprié pour réaliser ces objectifs. De plus, le modèle d’accumulation se caractérisait, en ce qui concerne l’origine des capitaux, par un accroissement de l’investissement extérieur à partir de 1977 déjà et, en ce qui concerne les rapports de production, par la soumission de la structure productive béninoise au marché capitaliste mondial23 plutôt qu’à l’État. Il consiste à opérer une distinction sur la base de ce que les régimes prétendent être ou ce que l’apparence donne à voir. 4. Parmi la diversité des manifestations possibles de cette vitalité, trois types ont été particulièrement dominants : les phénomènes d’« escapisme », les phénomènes de résistance et la dérision politique. L'histoire de l'Afrique du Sud de 1948 à 1994 est marquée par la mise en place puis par le démantèlement de la politique d'apartheid.Successivement nommée Union d'Afrique du Sud puis République d'Afrique du Sud à partir de 1961, le pays connaît, durant cette période, un système de ségrégation raciale institutionnalisée. » Par conséquent, il y a très peu d’alternance au pouvoir, avec les dirigeants en place reconduits indéfiniment. 13 Momar-Coumba Diop et al., « Le baobab a été déraciné. 2Chargée de gérer la fin de la relation coloniale et de contenir l’influence soviétique, l’aide à l’Afrique connaît une forte croissance dans les années 1970-1980, passant de onze milliards de dollars en 1972 à quarante milliards de dollars en 1990. Pour ces raisons, et dans une perspective pédagogique qui prend quelques libertés avec les contraintes de la démarche typologique10, nous allons combiner les typologies en recourant librement tour à tour, selon le cas, au degré de concurrence, au style de leadership et à l’orientation idéologique. Selon Chazan et ses collègues, les populismes émergent en Afrique dans les années 1980 (sauf en Libye, où M. Kadhafi prend le pouvoir dès 1969) en réponse à la désagrégation politique et économique. Les populismes sont proches sur le plan idéologique des marxismes, mais mettent l’accent sur le peuple auquel ils disent vouloir remettre le pouvoir. L'élaboration et la gestion de la politique économique du gouvernement actuel ont été généralement positives. 39 Jacques Lagoye, « La légitimation », dans Madeleine Grawitz et Jean Leca (dir. 71 Peter Anyang Nyongo, Afrique : la longue marche vers la démocratie. Il s’agit, pour le pouvoir, « de produire un surcroît de prestige, de fiction et de magie56 ». Les populations descendent dans la rue et réclament une transformation fondamentale de la vie politique avec l’abrogation des systèmes constitutionnels en place jugés totalitaires et leur remplacement par des institutions réellement représentatives. 36La capacité à distribuer des récompenses – usage des ressources rétributives – fait partie des ressources à la disposition du politicien investisseur qui peut d’autant l’activer qu’en tant que chef néopatrimonial, il gère l’État comme une propriété personnelle. Cependant, « le conflit indochinois (1947-1954) et surtout la guerre d’Algérie (1954-1962) persuadèrent le gouvernement de la nécessité d’éviter tout nouveau risque d’affrontement sanglant, et la conférence afro-asiatique de Bandoeng (1955), par laquelle les pays libérés se faisaient un devoir d’aider les peuples encore dépendants à accéder à la souveraineté, démontra l’inanité de la lutte contre le reflux anticolonialiste5 ». 9À l’indépendance, la plupart des pays africains avaient adopté un modèle parlementaire pluraliste. 48 Jean-Patrice Lacam, « Le politicien investisseur », p. 27. Les premiers voient le Burkina comme un régime populiste alors que les seconds en font une oligarchie militaire. Son principal rival, Gabriel Lisette, fut contraint à l'exil. On peut aussi parle… En démocratie, le pouvoir est idéalement conquis et exercé en vue d’appliquer un programme politique, mais on sait là aussi qu’il n’en est pas toujours ainsi.