Pour rappel, août 1945 précède de peu le moment où l’effectif total atteint son maximum. Quelles qu’aient pu être les motivations de Moscou et des alliés à le saborder, il est possible que le Conseil de Contrôle des rapatriements de PGA n’ait même jamais eu véritablement le temps d’entrer dans une phase opérationnelle. Archives départementales du Nord (Lille) (archive citée Grégory Philippe), 27W38361/1, courrier du président directeur général des houillères nationales du Nord-Pas-de-Calais au commissaire de la République de Lille, 27 août 1945. En effet, certains des prisonniers devenus travailleurs libres salariés à partir de 1947 continueront d’entretenir des liens avec leurs anciens camarades demeurés prisonniers, au risque parfois, par solidarité, de participer à leur évasion en leur prêtant notamment leur carte de séjour et leur carte de travailleur étranger. La croissance est enfin là. Pourtant, le ministère des finances en vient ex abrupto à en contester la légalité début 1946[304]. En octobre 1945, le général Patton assuma le contrôle de la 15e Armée, une armée de papier, en Allemagne occupée. Picture Information. À la différence de la politique soviétique, les Alliés ont choisi de privilégier l’autocritique et la liberté de pensée, plutôt que l’endoctrinement[356]. Précisions en effet qu’un certain nombre de communes, particulièrement les petites communes rurales, omettent trop régulièrement de verser ce pécule à leurs prisonniers, ce qui ne va sans provoquer le courroux de l’administration centrale alors qu’un certain nombre de ces prisonniers sont sur le point d’être libérés. Les autorités savent que d’ici un an il n’y aura plus aucun PG et elles jugent probablement nécessaire d’en faire prendre conscience et d’y préparer les agriculteurs. Le Comité international de la Croix-Rouge lui-même semble reconnaître cette amélioration. C’est à partir de ce moment que les autorités réagissent. Archives départementales du Nord (Lille) (archive citée Grégory Philippe), 27W38347/1, note au commissaire de la République de Lille, 17 juillet 1945. En février 1945, la Grande-Bretagne demande à la France de prendre « possession » de 50 000 prisonniers allemands en plus de 50 000 autres déjà livrés, l’auteur d’une note retrouvée aux archives du ministère des affaires étrangères n’y voit alors qu’une possible compensation des « trois millions de Français » qui ont été détenus dans le Reich. À l’heure où les États-Unis se préparent à un affrontement armé avec les Soviétiques, la libération d’un grand nombre d’anciens soldats allemands et leur éventuelle réintégration dans des forces militaires représentent un enjeu stratégique certain. Là, après avoir été de nouveau tabassé, Egon Greisner est confiné durant plusieurs semaines dans un cachot privé de lumière. Il demande qu'on fasse observer aux employeurs débiteurs que, s’ils avaient eu recours à des travailleurs salariés ordinaires, ils auraient dû leur verser un salaire sans retard. Archives nationales contemporaines de Fontainebleau (archive citée par Grégory Philippe), Côte 770623/86, Réponse du ministre du Travail au ministre des Affaires étrangères, « Reportage sur les conditions de vie en France des travailleurs d'origine allemande », 6 octobre 1947. Il est vrai que la tension sociale reste très vive en 1947-1948. Avec notre arrivée le nombre d’habitants atteint 1 500. Archives nationales contemporaines de Fontainebleau (archive citée par Grégory Philippe), 770623/85, courrier du ministre du Travail aux préfets, inspecteurs divisionnaires du travail et la main-d’œuvre, directeurs départementaux du travail et de la main-d’œuvre, ingénieur en chef des mines, 9 avril 1947. François Cochet, « France 1945 : le dossier controversé des prisonniers de guerre allemands ». We don’t share your credit card details with third-party sellers, and we don’t sell your information to others. ». Archives du ministère des affaires étrangères (Paris) (archive citée par Grégory Philippe), Série Z 22, Mémorandum du Comité international de la Croix-Rouge, 2 juillet 1946. Archives nationales contemporaines de Fontainebleau (archive citée par Grégory Philippe), Côte 770623/89, Rapport d’inspection du Comité international de la Croix-Rouge adressé au ministère du travail, 9 septembre 1948. Archives du ministère des affaires étrangères (Paris) (archive citée par Grégory Philippe), Z 22, note de la direction des conventions administratives (ministère des Affaires étrangères). Pour les raisons précédemment évoquées, le souvenir de la détention des prisonniers de guerre allemands ne se ravivera probablement pas de lui-même dans la mémoire collective française. Contrairement à ce que nous verrons, les autorités britanniques sélectionnent prioritairement les dossiers des candidats célibataires ; ceux des hommes mariés ne le seront qu’en cas d’effectifs insuffisants. Selon le ministre du travail, « une telle disposition [le débombage et le désobusage] est contraire aux prescriptions de la convention de Genève. Face à ces demandes, les autorités demeurent intransigeantes, arguant que ces 4 à 6 années au cours desquels les agriculteurs ne se sont pas acquittés de leur dette représentent de très « larges délais de paiement »[302]. Figurant au nombre des pays d’Europe occidentale les plus durement éprouvés, le bilan de la guerre est, dans ce pays, particulièrement lourd. On dénombre ainsi 200 000 mineurs grévistes dans le Pas-de-Calais à l’automne 1947. Le Conseil statue et reconnaît, en ce qui concerne la représentativité des commandants militaires de dépôts, que ces derniers « n’ont pas qualité pour représenter l’État » et « qu’il y aurait donc lieu de régulariser pour l’avenir les conditions de passation des contrats »[305]. Pour une seule année, l’année 1946 en l’espèce et sous réserve que l’estimation du bilan économique citée par le Quai d’Orsay pour cette même année se soit révélée exact, la présence des prisonniers aurait donc rapporté donc plus de 6 milliards de francs de l'époque à l’économie française. La guerre se poursuivant, de plus en plus d’Allemands sont faits prisonniers sur le front de l’Ouest ; la nouvelle armée française participe elle-même à ces captures. Archives nationales contemporaines de Fontainebleau (archive citée par Grégory Philippe), Ces nombreux courriers, rédigés pour l’essentiel entre 1948 et 1950, se trouvent dans la boite 770623/91. Dès juin 1945 l’État-major annonce ne pas pouvoir affecter à la garde des PG plus de 40 000 hommes dont 35 000 « indigènes », autrement dit des soldats appartenant aux troupes de l’empire colonial. Des effectifs beaucoup plus importants sont susceptibles d’arriver rapidement, avant le 1er juillet. Il est vrai que ces derniers vivent souvent chez l’habitant, et il n’est pas rare que les prisonniers soient rapidement traités comme un membre de la famille, au grand-dam de l’autorité militaire[143]. Le témoignage de Egon Gresiner est, pour sa part, sans équivoque : « Personnellement, je n’ai jamais entendu parler d’aucun programme de dénazification, de rééducation ou de promotion des valeurs démocratiques de la part de la France. Il a préféré rester en France, où nous nous sommes mariés. En poste depuis mars 1943 mais ayant atteint l’âge limite statutaire de son grade, le général Boisseau délaisse la fonction d’inspecteur général des PG le 9 juillet 1945 ; le général Buisson lui succède le lendemain[14]. Une fois encore se pose le problème des sources. D’après ces informations, la campagne de recrutement entreprise par la Légion étrangère au sortir de la guerre aurait donc permis d’engager entre 30 000 et 35 000 combattants allemands. Mais c’est surtout la question des rations alimentaires qui fâche[style à revoir]. On était probablement loin d’une opinion publique homogène et virulemment hostile à la France du seul fait de la question des PG. Archives départementales du Nord (Lille) (archive citée Grégory Philippe), 27W38361/1, rapport au commissaire de la République de Lille, 25 juin 1945. L’ouvrage nous apprend néanmoins qu’« en 1957 le ministère fédéral [des expulsés et sinistrés de guerre] a commencé à constituer un dossier sur le sort des PGA de la Seconde Guerre mondiale, et a fait appel à la collaboration de savants de renom. En l’espèce, l’oubli est de « l’ordre du refoulement »[501]. Dans les faits, elle en demandera officiellement 1 350 000 aux Alliés, lors d’accords conclus début juillet 1945. Elle a forgé ses propres armes et codifié ses lois. Dans le Nord, les anciens PG mineurs devenus travailleurs libres continuent à vivre – au moins en 1948 – dans des camps administrés par les houillères nationales. L’ennemi d’hier, l'Allemagne, peut devenir un allié potentiel face à un ancien allié soviétique désormais redouté, tant en France qu’aux États-Unis. Cette campagne de recrutement a perduré au moins jusqu’en 1946 comme en témoigne un extrait du livre de marche du camp 1102 de Rennes[239]. Ailleurs, les propos d’un militant local du Mouvement républicain populaire en Normandie vont dans le même sens[335]. La reconstruction est donc l’une des grandes priorités des autorités à la Libération. Cet Allemand joue le rôle de médiateur entre les PG et l’administration française. Archives nationales contemporaines de Fontainebleau (archive citée par Grégory Philippe), Côte 770623/84, Courrier de Aury Lévy, Programme hebdomadaire des émissions en allemand pour début juillet 1948, date inconnue (probablement juin ou juillet 1948). De même, selon Marie Le François, un témoin, la vingtaine de PG rattachée au commando de son époux dans un petit village breton – par sa taille, les conditions de vie de ce commando communal peuvent aussi être jugées représentatives de celles d’un commando rural – avait leur journée du dimanche organisée de la sorte[316] : le matin « grande toilette au cours d’eau voisin », match de football en tant que spectateur l’après-midi et, au soir, « garde d’animaux en compagnie des jeunes du village »[317]. Craignant une prise de pouvoir par les communistes, les Américains exerceront ainsi de très lourdes pressions sur les partis politiques ou les syndicats pour qu’ils stabilisent la situation politique et socioéconomique conformément à leurs souhaits. Les autres prisonniers dans le wagon restaient impuissants et les gardes américains riaient. Fin novembre, la nouvelle commission interministérielle relative à la question des PG estime encore qu’il faudrait entre 550 000 et 600 000 tenues complètes et que 15 000 m3 de paille et de bois seraient nécessaires pour confectionner des paillasses[104]. Digression intéressante : l’ironie veut que la liberté n’ait été rien d’autre qu’une illusion furtive pour les prisonniers de guerre russes survivants libérés par leurs compatriotes : sitôt libérés, ils seront envoyés aux goulags puisque considérés, pour s'être laissé capturer, comme traîtres à la mère patrie[22]. Mais c’est peut-être le réveil de l’opinion publique allemande – entendons ouest-allemande – qui inspire progressivement la plus grande crainte aux autorités françaises. Archives du ministère des affaires étrangères (Paris) (archive citée par Grégory Philippe), Série Z 22, Courrier du ministère des affaires étrangères au ministère des armées, 23 mai 1946. C’est autant de prisonniers qu’il ne fallait plus ni entretenir, ni nourrir, ni garder, ni équiper. Archives nationales contemporaines de Fontainebleau (archive citée par Grégory Philippe), cote 770623/84, PV de la réunion du 8 avril 1947 sur la « libération et le rapatriement massifs des PGA en mains françaises » tenu par le commandement en chef français en Allemagne, 11 avril 1947. Ailleurs, en octobre 1945, on soupçonne 7 à 8 PG évadés d’avoir commis un « attentat » à main armée dans une commune de Côte-d'Or[482]. D’après le prisonnier témoin, les autorités locales « firent courir le bruit que la situation n’était tout de même pas extrême au point de s’égarer de la sorte. À la différence du tableau, il ne fait pas figurer les effectifs des PG confiés aux autorités militaires alliées ou françaises. L’emploi de prisonniers pour cette tâche a été décidé après de longues hésitations, la convention de Genève interdisant les travaux jugés dangereux. Cette ville martyre était l’une des dernières poches de résistance allemande en France en mai 1945. Beau livre conforme à la description. Rappelons pourtant que l’article 4 de la convention de Genève de 1929 stipule que la puissance détentrice doit pourvoir à l’entretien des prisonniers[39].