ATTENTION : avec une "toile de fond", un arrière-plan, représentant le développement du Brésil, il faudra mettre en évidence tous les contrastes et inégalités. Selon Jérôme Sgard, économiste au Centre d'études prospectives et d'informations internationales, la pauvreté au Brésil n'est pas tant l'effet de la faiblesse du revenu moyen que celui de l'existence de très fortes inégalités. Contre les inégalités, l’information est une arme. La dépollution de la baie de Guanabara, qui était l’une des grandes promesses faites au Comité international olympique (CIO), lors de la candidature de la ville, n’aura pas eu lieu. Certes des progrès ont été faits : la durée moyenne des études est passée de 3,2 à 5,3 années, entre 1976 et 1996. destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements dâenseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Science et développement durable au Brésil, À quoi peut-on encore rêver ?. Marques-Pereira Jaime. Dans ce débat, l’expérience du Brésil est l’une des plus intéressantes à étudier. La pauvreté se définit par un seuil, en l’occurrence 1,50 dollar par jour au Brésil (70 cents pour le seuil d’indigence). C’est aussi un pays où la distribution du revenu est extrêmement inégale, en dépit de politiques sociales relativement développées : près de 40% des dépenses publiques leur sont consacrés, soit environ 15% du Produit intérieur brut (PIB). Mais il s'agit d'un pays-continent, multiethnique, où les écarts régionaux et sociaux sont inévitables. Établissements, libraires, particuliers : commandez vos manuels papier et numériques. C’est celle d’un très grand pays (180 millions d’habitants), de niveau de revenu intermédiaire (6 800 dollars par habitant en parité de pouvoir d’achat), dont l’économie a été fortement libéralisée depuis 1990. Entre 1991 et 2001, la proportion des salariés sans couverture sociale est ainsi passée de 38 % à 45 % dans le secteur manufacturier. Cette corrélation inter-générationelle bien qu’en diminution reste nettement supérieure à celle observée au Pérou ou au Mexique (environ 50%), pour ne pas parler des Etats-Unis (35%) [5]. Pourtant, ce pays doit faire face à des situations encore très inégalitaires au sein de son territoire, malgré sa volonté de le maitriser pour mieux le contrôler et y intégrer les diversités qui y sont présentes. Inégalités, croissance économique et souveraineté monétaire au Brésil. réussi à planter suffisamment d’arbres pour compenser ces pertes, comme elle s’y était engagée. Lycée - Offres Manuels Numériques Premium, Commander les manuels en version numérique, Licence d’utilisation des manuels (CC‑BY‑SA | CC‑BY‑NC), Manuels Numériques Premium pour le collège. (http://www.econ.puc-rio.br/). Cet indice est en effet très fort dans certains États, comme le Mato Grosso et les États du Sud et du Sud-Est alors quâil est Les pauvres sont sur-représentés aussi dans le secteur agricole (40% de pauvres) et informel (57%) ou dans les familles qui comptent beaucoup d’inactifs (enfants en bas âge) ; ils sont également jeunes (37% des moins de 16 ans sont pauvres) et noirs (46% de la population mais 65% des pauvres) [2]. Celle-ci profiterait d'abord et surtout aux plus h⦠Dernier élément de ce bilan, le sous-investissement dans l’éducation est d’autant plus dommageable qu’il présente au Brésil un rendement très élevé, supérieur à celui observé dans le reste de l’Amérique latine : en moyenne, une année supplémentaire d’éducation est associée à une rémunération accrue de 15%, contre, par exemple, 8,5% en Argentine ou 11,5% au Chili (voir tableau). Bascot Severine, « Rio 2016 : le bilan ne tient pas une forme olympique », Ce site de première importance pour le marché sud-américain voit sa capacité de production passer de 28 000 à 380 000 véhicules par an. Une croissance économique limitée à 1,5% en moyenne sur les vingt dernières années s’est en effet traduite par une faible demande de main-d’œuvre et par une évolution lente vers des secteurs à contenu plus élevé en valeur ajoutée. Ce pays a connu une croissance économique fulgurante dans les années 2000, fondée sur les exportations agricoles et lâessor industriel, faisant sortir de la faim et de lâextrême pauvreté de nombreux Brésiliens. Communes : quelle égalité hommes-femmes ? [...] Une réserve écologique située sur une zone côtière sensible a été rasée pour faire place au golf olympique, et une autre a été très dégradée toujours pour construire des infrastructures sportives. L’accroissement du taux de chômage dans les catégories intermédiaires a pesé en particulier sur le rendement de l’éducation [7]. Il y a quelques dizaines d'années, le constat était simple : il y avait les pays riches, pour simplifier, au nord et les pays pauvres au sud. Ceci empêche désormais de présenter le progrès social comme le résultat de réformes économiques abouties, ou de ne voir dans toute politique de redistribution qu’une source d’inefficience économique et donc de moindre croissance. 8 Face aux critiques de Pochmann et al., Paes de Barros et al. 2Au-delà de ces disparités, on privilégiera ici les dynamismes, dans le temps et dans lespace, de cette population, lanalyse des dynamiques démographiques et spatiales. Le coefficient de Gini reste très élevé et a peu évolué au cours des vingt dernières années (0,60 en 2010). Surtout, le niveau d’étude des plus pauvres est particulièrement bas : il est inférieur, par exemple, à celui observé en Inde, au Zimbabwe, en Tanzanie ou en Ouganda [4]. […] Selon l’Institut brésilien de géographie et de statistiques, les 1 % des plus riches, en 2014, gagnaient en moyenne 14 548 reais Economie - Bac STG LES INEGALITES DE DEVELOPPEMENT Le gouvernement précédent a autorisé le développement de pratiques patronales consistant à employer des salariés au noir, et pas seulement dans les petites entreprises. Pour lâéconomiste Thomas Piketty, le Brésil ne pourra connaître la croissance sâil ne réduit pas ses inégalités. Les inégalités mobilisent aujourd'hui davantage qu'il y a une vingtaine d'annéesâ: elles nourrissent les contestations, incarnées dans de multiples mouvements sociaux (Occupy, 1 %, les Indignés, pour n'en citer que quelques-uns) qui expriment leur opposition ou leur révolte contre l'injuste répartition des profits et des coûts de la mondialisation. Depuis plusieurs années, les politiques de libéralisation dans les économies en développement font l’objet d’une contestation croissante qui s’explique notamment par le passage difficile des réformes de structure à la croissance, l’instabilité, voire les crises financières, le partage inéquitable des coûts puis des éventuels bénéfices des réformes. II. En poursuivant votre navigation sans modifier vos paramètres, vous acceptez l'utilisation des cookies permettant le bon fonctionnement du service. Selon Marcelo Neri [9], au cours des années 1990, la conjonction de réformes de structure profondes et d’une croissance faible a fragilisé une partie des classes moyennes, relativement formées et intégrées au secteur formel. Le Nordeste concentre ainsi 46% des pauvres (et 63% des indigents) alors qu’il ne représente que 30% de la population totale. Une nouvelle expérience du manuel numérique avec des fonctionnalités innovantes et un accompagnement sur mesure. par mois (3 332 euros), contre 155 reais. Études de cas possibles : Développement et inégalités au Brésil. INÉGALITÉS, CROISSANCE ÉCONOMIQUE. Inégalités de richesse et développement des favelas au brésil. L’analyse des déterminants de la pauvreté conduit toutefois à souligner, au Brésil comme ailleurs, le rôle central de l’éducation : 68% des Brésiliens qui n’ont pas terminé leurs quatre premières années d’études sont pauvres, contre 15% de ceux qui ont plus de huit ans d’études (et 1,9% au-delà de douze ans). [4] Voir : Menezes-Filho, N. A. En poursuivant votre navigation sans modifier vos paramètres, vous acceptez l'utilisation des cookies permettant le bon fonctionnement du service. Date de première rédaction le 5 avril 2006. Enfin, au problème ancien de grande pauvreté, a pu s’ajouter une détérioration plus diffuse de la condition salariale. En d’autres termes, cette variable ne semble pas déterminer, sur le marché du travail, un degré supplémentaire de discrimination par rapport à ceux qui ont été constitués antérieurement à l’entrée sur le marché. Selon Jérôme Sgard, économiste au Centre d’études prospectives et d’informations internationales, la pauvreté au Brésil n’est pas tant l’effet de la faiblesse du revenu moyen que celui de l’existence de très fortes inégalités. Rappelons que le Brésil est désormais le 2. Sur une longue période, le bilan n’est guère plus encourageant : le niveau global des inégalités a été peu affecté par les crises économiques des vingt dernières années, tandis que la pauvreté, plus sensible à ces chocs, montre surtout une réponse lente aux phases de croissance. @ Mais le Brésil est aussi présent dans tous les « clubs de riches » comme le forum de Davos, et défend ses intérêts de grande puissance agricole dans le groupe de Cairns, et de puissance économique au sein de lâOMC. Enfin, bien que des efforts récents aient atténué la différenciation liée au milieu de résidence, celui-ci reste aussi un facteur important : la pauvreté est maximale en milieu rural et décline régulièrement avec la taille de l’agglomération de résidence, pour atteindre son niveau le plus bas au centre des grandes métropoles [3]. L'IDH municipal pour observer les inégalités de développement au Brésil Publié le 01/03/2018. Il ne traduit pas moins un coût d’opportunité très élevé de la sortie précoce de l’école. C’est grâce à ces transferts que, sur la dernière décennie, le bilan social brésilien apparaît légèrement plus favorable que celui de la plupart des pays voisins [8]. A nouveau on remarque que la France se classe au dessus. Bien que limité, le risque de déclassement social ou d’un franchissement répété du seuil de pauvreté, à la hausse et à la baisse, serait plus important désormais qu’au cours des décennies antérieures. Et lon fera un sort particulier à un aspect particulier et controversé de la composition de la population, la distinction entre les différentes couleurs de peau reconnues par les statistiques officielles. [1] R. Barros, R. Henriques, R. Mendonça, « A estabilidade inaceitavel : desigualdade e pobreza no Brasil », IPEA, Rio de Janeiro, Texto para discussao 800, juin 2001 (http://www.ipea.gov.br/). AU BRÉSIL. [5] Behrman J., Gaviria A., Székely M., « Intergenerational mobility in Latin America », IADB/ BID, Working Paper 452, juin 2001. Autre exemple : 50% du revenu disponible des ménages est alloué aux 10% les plus riches, alors que les 50% les plus pauvres se partagent 10% du revenu. Les pays du Nord sont plus développés que les pays des Sud, mais il existe des inégalités au sein des pays du Nord et au sein des pays du ⦠Cette forte augmentation montre ses limites dans le domaine architectural ainsi que dans le domaine des inégalités sociales. Ce constat tient certainement en partie à un niveau moyen d’éducation moins élevé au Brésil que dans ces pays, et donc à une plus grande rareté du travail qualifié. contacts@inegalites.fr / 02 47 44 63 08. Utilisation des cookies. Le développement économique a été accompagné dâun gain significatif au plan social, avec une forte réduction de la pauvreté et des inégalités. 2ème chapitre de ce thème de Géographie consacré au développement et aux inégalités. ET SOUVERAINETÉ MONÉTAIRE. Et dâautre part que le Brésil, bien que se hissant progressivement au rang de pays émergent, voire émergé, continue à être un pays très marqué par de profondes inégalités entre régions riches et pauvres, régions côtières consolidées et régions pionnières intérieures encore en cours de formation. La présence d’une importante population recensée comme pauvre (34 %), voire indigente (14 %), n’est pas le reflet du niveau de vie moyen du pays, mais celui d’un problème distributif : dans les pays disposant d’un PIB par habitant comparable, la proportion de pauvres n’est en moyenne que de 10%. Les inégalités de développement, de richesse et dâaccès à la ressource y sont notamment très fortes. [9] Conférence donnée au Cepii, le 28 octobre 2003. Ainsi que : Neri M., Costa D. (2002), « O Tempo das Crianças » mimeo, IBRE/ FGV. Recevez une fois par mois le résumé de nos nouveaux articles. (2001), “A Evolução de Educação e seu Impacto no Mercado de Trabalho”, Rio, Instituto Futuro Brasil. 2020. Cette étude, qui tient compte des différents niveaux de prix régionaux et utilise un seuil de pauvreté plus élevé que celui utilisé ici donne, pour une moyenne nationale de 45%, un taux de pauvreté de 78% en milieu rural, contre 32% dans les banlieues des grandes métropoles et 23% au centre. Ce croquis répond aux exigences des directives de l'inspection générale puisque pour le thème 2 - Territoires, populations et développement : quels défis ? En d’autres termes, les plus pauvres disposent en un an du même revenu que les plus riches en onze jours. Pour définir et mesure le développement d'un pays, plusieurs critères existent, même si le critère économique reste fondamental. Pauvreté, inégalités et politiques sociales au Brésil ⦠Pourtant, la municipalité n’a pas Au-delà de ces chiffres globaux, le « profil » de la pauvreté est sociologiquement très marqué. Mais cette moyenne reste nettement inférieure à celle de pays comparables, où elle est comprise entre 9 et 11 années d’études (Argentine, Chili, Mexique, Turquie, etc). Développement et inégalités au Brésil Le Brésil est actuellement en pleine recomposition économique et politique. 60-92. [6] Bourguignon F., Ferreira F. (2003), « Inequality of outcomes and inequality of opportunities in Brazil », Rio, PUC, Texto para discussão 478. Brésil : Villes et inégalités sociales Les pays émergents voient leur croissance urbaine exploser, ce qui induit une forte augmentation des espaces urbains. Introduction : Lâexemple du Brésil (2 à 3 heures) est lâoccasion dâanalyser la manière dont les inégalités de développement peuvent se manifester spatialement à lâéchelle dâun État important du Sud. 1Pays émergé, le Brésil est aujourdhui un acteur économique de premier plan. Ces disparités sociales et territoriales constituent actuellement un frein à son développement et il doit donc faire face à des enjeux de taille, surtout dans un contexte de fort changement démographique et de protestations social⦠par Jaime Marques-Pereira* Ce texte expose comment s'est poursuivi dans la recherche française le débat sur les conditions endogènes du développement qu'a engagé dans les années 1970 la théorie de la dépendance, tout particulièrement au Brésil. Cependant, en comparaison avec les années 1970, on constate une diminution de trois points de pourcentage du rendement des années d’études primaires et intermédiaires. En outre, lâexploitation de ses richesses minières et le développement de lâagro-business continuent dâexercer une ⦠On observe ainsi une corrélation forte entre les niveaux relatifs d’éducation (et donc de revenu) des individus d’une génération à l’autre : la probabilité pour un brésilien d’avoir le même niveau relatif d’éducation que ses parents est de 70%. [...] Accordée aux Brésiliens dont les revenus mensuels ne dépassent pas 170 reais (51 euros) par mois, la « Bolsa familia », programme modèle qui, selon la Banque mondiale (BM), a contribué à sortir 28 millions de Brésiliens de la misère entre 2004 et 2014, est octroyée aux mères de famille en contrepartie de la scolarisation des enfants du foyer ou d’engagements dans le domaine de la santé. Comme le reconnaissent les auteurs, une variable majeure est cependant omise dans de cette estimation : la patrimoine des parents qui, évidemment, se transmet entre générations et qui, dans un pays dont les flux de revenus sont aussi différenciés, depuis aussi longtemps, ont nécessairement un impact majeur. Lâauteur du Capital au 21e siècle fait désormais partie dâun groupe de recherches sur les pays en développement comme le Brésil, la Chine et lâInde. Les disparités sociales au Brésil. Enfin, comme on le sait, la réduction de la pauvreté est la priorité affichée par le Président Lula da Silva, arrivé au pouvoir en janvier 2003. Quelques parutions récentes sur le Brésil, novembre 2017. Les inégalités renvoient en revanche à la structure totale de distribution des revenus, qui pourra se refléter dans un beaucoup plus grand nombre d’indices. Pensée dans les années 1990, la mesure, qui fut sensiblement amplifiée sous le mandat du président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010), est devenue une sorte de baromètre de l’indigence. Le Brésil, géant de 8511 965 km 2 et puissance démographique de plus de 190 millions d'habitants, compte aujourd'hui parmi les pays dits «émergents», c'est-à-dire qui sortent de leur statut de pays en développement et s'acheminent vers celui de pays riches et développés.